Comment soigner un furoncle(Bibon)?
Le furoncle est une infection causée par une bactérie à staphylocoque doré. Il se développe autour d’un poil, devient rouge et douloureux, puis évolue normalement vers la guérison. Le dermatologue Richard Encaoua nous donne ses conseils pour soigner un furoncle.
Qu’est-ce qu’un furoncle ?
Le furoncle est une infection aiguë du « follicule pilo-sébacé », cette annexe de la peau en forme de cavité où le poil prend naissance. Ce follicule contient également, dans sa partie supérieure, une petite glande qui produit le sébum. Lorsque ce follicule pilo-sébacé est le siège d’une infection, on parle de « folliculite ». Celle-ci évolue vers un « furoncle » lorsqu’elle se complique d’une nécrose, c’est-à-dire d’une mort prématurée des cellules de tout le follicule.
La majorité des folliculites et des furoncles est due à une bactérie, le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus). L’évolution vers le furoncle résulte de la production de toxines nécrosantes par certaines souches de cette bactérie. Folliculites et furoncles siègent de préférence au niveau du visage, des aisselles, du haut du dos, des fesses, des cuisses, de la barbe, du cou, de la base des cils (« orgelets« ) et du cuir chevelu.
Les facteurs de risque de furoncle
Le furoncle peut survenir à tout âge de la vie, mais il est plus fréquent chez le jeune adulte de sexe masculin. C’est une affection de la peau relativement fréquente, sans que l’on dispose de chiffres précis. « Certaines personnes sont plus à risque de furoncles en raison d’un terrain favorisant comme le diabète ou la prise d’un traitement immunosuppresseur » relève Richard Encaoua, dermatologue. « Elles présentent une barrière de défense de la peau altérée. En particulier, leurs molécules de « défensines », qui agissent comme des « antibiotiques de la peau », sont alors moins efficaces ». Ces patients sont à risque de présenter de multiples furoncles simultanés (on parle alors de « furonculose »).
Une mauvaise hygiène peut aussi favoriser les furoncles. La manipulation par des mains mal lavées d’une folliculite ou de lésions de la peau, comme un pore obstrué par une hyperproduction de sébum, risque en effet d’entraîner une surinfection provoquant un furoncle.
Les symptômes du furoncle
Le furoncle se manifeste sous forme d’une petite pustule chaude et douloureuse. Cette lésion papuleuse (en relief) et érythémateuse (rouge) va devenir inflammatoire puis grossir pour former un nodule, plus ou moins limité.
En quelques jours, cette induration (ou durcissement du tissu) aboutit à une suppuration, qui va éliminer le follicule nécrotique en un gros tourbillon jaune. Cette évolution laisse place à une cicatrice déprimée parfois définitive. Cette évolution est rarement accompagnée de fièvre, sauf en cas de « staphylococcie maligne de la face » (détaillée plus loin).
« Il ne faut pas confondre le furoncle avec un kyste sébacé qui s’infecte« , souligne Richard Encaoua. Dans ce dernier cas, le kyste infecté contient beaucoup de sébum. Le furoncle, lui, ne renferme que du pus, formé d’un afflux de cellules immunitaires (des « polynucléaires neutrophiles ») et de débris cellulaires. Il contient notamment des bactéries détruites et des molécules de fibrine. Le diagnostic se fait toujours par simple examen clinique.
Les complications possibles
DES RÉCIDIVES
Des récidives fréquentes de furoncles sur des sites anciens sont parfois observées. Ces récidives touchent plus volontiers les adolescents. Dans la majorité des cas, ces récurrences cessent après deux ans.
L’ANTHRAX
Il s’agit d’un agglomérat de furoncles voisins, formant une tuméfaction profonde, inflammatoire, parfois très volumineuse. Les sites privilégiés sont le dos et le torse. Là encore, il ne faut surtout pas manipuler ces lésions.
LA STAPHYLOCOCCIE MALIGNE DE LA FACE
C’est une complication très grave d’un furoncle situé sur le visage, dans une zone comprise entre les commissures des lèvres et l’angle externe des yeux. De survenue brutale, cette complication fait suite à une tentative d’extraction manuelle du furoncle.
Apparaît alors une fièvre élevée, accompagnée d’un œdème du visage, d’un état septicémique et d’une thrombophlébite d’une grosse veine de la face. Le risque est une extension rapide de l’infection au cerveau. Le risque de décès a cependant été considérablement réduit par un traitement antibiotique précoce à forte dose. » Il faut à tout prix éviter de manipuler un furoncle de la face », avertit Richard Encaoua.
LA SEPTICÉMIE
Chez les personnes atteintes de diabète ou recevant un traitement immunosuppresseur, plus vulnérables au risque de septicémie, la mise en place du traitement, en cas de furoncle, doit être rapide et la surveillance étroite.
Les traitements du furoncle
Assez fréquemment, le furoncle évolue spontanément vers une évacuation naturelle du follicule nécrosé. Celui-ci s’ouvre (« se fistulise ») à la surface de la peau, libérant un liquide jaunâtre, le pus. Puis il se referme en formant une petite croûte.
Pour favoriser la maturation du furoncle, on peut pratiquer, deux à quatre fois par jour durant dix jours, de petits bains d’eau tiède et d’antiseptique – choisir plutôt un antiseptique non coloré, comme l’hexamidine ou la chlorhexidine.
Un traitement antibiotique local (acide fusidique, mupirocine) appliqué deux à trois fois par jour sur la lésion, permet en général une évolution favorable. « Si la lésion persiste, une petite incision de surface du furoncle permet l’évacuation de son contenu« , ajoute Richard Encaoua. La plupart du temps, ce traitement antiseptique et/ou antibiotique local, associé ou non à une intervention chirurgicale mineure, permet une régression rapide du furoncle. » Ce n’est que si le furoncle est volumineux, s’il se trouve dans une région à risque (le visage) ou si son évolution n’est pas spontanément favorable qu’il faut mettre en place une antibiothérapie par voie orale », précise Richard Encaoua. Une consultation médicale est alors indispensable pour le choix de ce traitement antibiotique. Les automédications sont à proscrire.
Dans de rares cas, une chirurgie ambulatoire de drainage sera nécessaire pour évacuer certains furoncles volumineux.
En cas de récidives fréquentes, « il faut traiter par une pommade antibiotiquepour éviter les infections répétées », note Richard Encaoua. Une désinfection de certaines zones qui tendent à concentrer les staphylocoques (narines, nombril, anciennes cicatrices de furoncles) est parfois nécessaire dans la prise en charge de ces furoncles récidivants.
Prévenir l’apparition de furoncles
Des mesures simples d’hygiène permettent de limiter le risque d’apparition d’un furoncle :
- Se laver régulièrement les mains (avec du savon ou une solution hydro-alcoolique) ;
- Se couper les ongles court ;
- Toilette quotidienne du corps ;
- Nettoyer les plaies, coupures et lésions d’eczéma ;
- Recouvrir d’une compresse de gaz les lésions ;
- Privilégier les vêtements amples pour éviter les frottements.
Prévenir la contagion
Si vous avez un furoncle, il faut éviter que l’infection ne s’étende à d’autres parties du corps ou que vous la transmettiez aux personnes de votre entourage. Certaines mesures d’hygiène doivent donc être adoptées dans ce sens :
- Effectuer une toilette quotidienne du corps ;
- Recouvrir les lésions avec une compresse de gaz ;
- Se laver les mains régulièrement surtout après les soins des lésions ;
- Ne pas toucher, ni gratter les lésions ;
- Nettoyer le linge à haute température ;
- Ne pas prêter vos vêtements et sous-vêtements ;
- Tant qu’il n’y a pas de guérison complète, ne pas se rendre à la piscine, au sauna… ;
- Eviter les sports de contacts ;
- Informer la médecine du travail si vous êtes en contact avec des produits alimentaires.
Mis à jour le 03 août 2018
Sources :
- Interview du Dr Richard Encaoua, dermatologue
- Dega H. « Folliculites, furoncles et anthrax à staphylocoque doré », Thérapeutique Dermatologique, 31 août 2005.