Cancer de l’ovaire : quel pronostic ? peut-on en guérir ?
Ces tumeurs sournoises sont souvent diagnostiquées à un stade tardif. Mais leurs traitements progressent rapidement.
Sa forme la plus fréquente (cancer épithélial séreux de haut grade) se manifeste surtout entre 50 et 60 ans. Les premiers symptômes étant discrets – vagues douleurs au dos ou au ventre, sensation de ballonnements -, 7 fois sur 10, la maladie est repérée à un stade avancé, alors qu’elle a déjà saupoudré la cavité abdominale de petits nodules cancéreux (on parle de «carcinose »). Une coelioscopie confirme le diagnostic par l’analyse d’un prélèvement, évalue l’étendue du cancer et s’il est opérable en l’état.
« La chirurgie s’est beaucoup améliorée, constate le Dr Alexandra Leary, oncologue à Gustave-Roussy (Villejuif). Elle est plus complète, grâce notamment, 7 fois sur 10, à l’administration d’une chimiothérapie préalable. » L’opération reste lourde (ablation des ovaires, des trompes de Fallope, de l’utérus, du péritoine, voire de la rate et d’un morceau d’intestin). Elle est suivie d’une nouvelle chimio, afin d’éliminer d’éventuelles cellules cancéreuses résiduelles.
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La chimio donne de bons résultats
Les tumeurs de l’ovaire répondent bien à ce traitement. « C’est l’un des rares cancers où la chimio peut quelquefois guérir au stade des métastases, et nous disposons de nombreux produits », confirme le Dr Leary. Malheureusement, la maladie a également tendance à récidiver, ce qui nécessite de nouvelles séances de chimiothérapie. Le défi consiste donc à allonger le temps de rémission sans rechute dans une maladie devenue chronique. Des essais évaluent l’effet d’un « bain de chimiothérapie» à l’intérieur de l’abdomen à la fin de l’opération (CHIP, chimiohyperthermie intrapéritonéale). Mais l’espoir repose surtout sur les thérapies ciblées, visant les faiblesses de ces tumeurs.
De nouveaux médicaments administrés en complément
Depuis quelques années, un nouveau traitement, le bevacizumab (Avastin®), est associé à la chimiothérapie, puis administré en entretien durant un an (une perfusion toutes les trois semaines). Il retarde, en moyenne, la rechute de six mois, en empêchant la tumeur de fabriquer les vaisseaux sanguins nécessaires à sa croissance. Une autre thérapie ciblée, l’olaparib (Lynparza®), bloque des protéines (PARP) qui permettent aux cellules cancéreuses de réparer leur matériel génétique, et ainsi de se multiplier.
Pris sous forme de comprimés, ce médicament diminue encore de 80 % le risque de rechute. Mais il n’agit que sur 20 à 25 % des tumeurs, celles qui présentent une mutation BRCA héréditaire ou acquise, qu’on recherche désormais systématiquement. « 50 % des tumeurs des ovaires n’arrivent pas à réparer leur ADN pour d’autres raisons, qu’on identifiera sans doute bientôt », précise le Dr Leary. Une étude, présentée au plus grand congrès de cancérologie, celui de la Société américaine d’oncologie clinique (Asco), en juin dernier, a montré que le crizotinib (Xalkori®), efficace pour des cancers du poumon, pourrait l’être aussi dans certains cancers de l’ovaire (en gélules). La recherche foisonne : pas moins de 69 essais cliniques prometteurs rien que sur le sol français. « Une partie de ces nouveaux médicaments sera disponible dans les cinq ans qui viennent », estime le Dr Leary.
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Dites, docteur… Que penser de la chirurgie préventive ? Dans 12 à 15 % des cas, le cancer de l’ovaire résulte d’une fragilité génétique héritée : la mutation du gène BRCA1 ou 2. Cette mutation prédispose également au cancer du sein avant la ménopause. Mais si la surveillance rapprochée se révèle efficace au niveau mammaire, elle ne l’est guère pour les ovaires. C’est pourquoi on conseille plutôt d’avoir recours à une chirurgie préventive, une fois passé le temps des grossesses. C’est ce qu’a choisi de faire l’actrice Angelina Jolie.
Source : Cancer de l’ovaire : quel pronostic ? peut-on en guérir ? – Top Santé