Paludisme : vers son éradication ?

Deux enzymes essentielles à la survie du parasite ainsi qu’une molécule capable de les inhiber ont été identifiées, selon les résultats d’une étude publiée dans la revue médicale Science. Cette nouvelle découverte apporterait un nouvel espoir dans la lutte contre le paludisme et permettrait la mise au point de médicaments capables de bloquer non seulement l’évolution du parasite chez l’homme, mais aussi sa transmission de l’être humain au moustique et réciproquement.

Aujourd’hui, les traitements sont incapables de stopper cette maladie car le parasite développe une résistance. Les médicaments réussissent juste à limiter la prolifération du parasite dans le sang des personnes infectées mais pas à arrêter la transmission.

Deux protéines clés pour éradiquer la maladie

Les chercheurs des universités de Genève et de Berne en Suisse ont analysé le parasite avec une nouvelle approche scientifique et mené une étude sur des souris. « Plasmodium est un parasite intracellulaire obligatoire, ce qui signifie que sa survie et sa dissémination reposent sur sa capacité à entrer, à se répliquer et à ressortir des cellules hôtes. En nous intéressant de plus près à certaines enzymes appelées protéases aspartiques, nous avons découvert que deux d’entre elles sont essentielles pour que le parasite puisse pénétrer et sortir de sa cellule hôte », explique Dominique Soldati-Favre, microbiologiste à la Faculté de médecine de l’UNIGE.

Les résultats de cette étude leur ont permis de mettre en avant une molécule capable de neutraliser ces deux protéines, éliminant à 99,9% le parasite dans des cultures en laboratoire après deux jours.

« Plasmodium a un cycle de vie complexe et rencontre des cellules hôtes très différentes, que ce soit dans le sang, le foie ou même dans l’intestin du moustique. Ce qui est incroyable, c’est qu’à chaque fois, il utilise ces deux mêmes protéases aspartiques », souligne Volker Heussler, professeur à l’Institut de biologie cellulaire de l’Université de Berne et cosignataire de l’étude. « En frappant à plusieurs endroits à la fois, nous pourrions donc espérer combattre la maladie chez l’homme, mais aussi interrompre la transmission du parasite au moustique, la seule manière de réellement juguler ce fléau. »

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