5 choses à savoir pour comprendre son cerveau et mieux s’en servir

Depuis une dizaine d’années, les connaissances sur le cerveau ont connu des progrès considérables. Certaines de ces découvertes font figure de révolution et beaucoup d’entre nous répugnent encore à les accepter tant elles remettent en cause nombre d’idées considérées comme acquises. En premier lieu, on a longtemps cru que l’Homo sapiens naissait avec un quota limité de neurones et que chaque neurone qui mourait n’était pas remplacé. On sait aujourd’hui que le cerveau adulte produit de nouveaux neurones dans certaines parties de son cerveau et qu’il est possible d’augmenter ou de réduire cette faculté. Le cerveau s’adapte, se réorganise, en permanence. En somme, le cerveau n’apparaît plus comme un organe figé, ni homogène, après un certain âge ; nous devons le considérer comme un organe en perpétuel chantier tel la fameuse Sagrada Família de Barcelone.

Aujourd’hui, les recherches scientifiques permettent une meilleure connaissance de la psychologie humaine, et des processus d’attention et de mémorisation. Il est possible au travers des découvertes récentes de mieux appréhender nos émotions et d’optimiser nos prises de décision. Les recherches récentes nous aident à mieux connaître l’architecture cérébrale et à accroître ainsi nos propres performances. Certaines permettent d’envisager des applications très pratiques pour améliorer son quotidien. Ainsi peut-on définir cinq lois qui favorisent la plasticité cérébrale de l’adulte.

Bravo pour le seul organe qui s’est auto-nommé…Cerveau

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Premièrement, vouloir comprendre, chercher à élucider des problèmes complexes, ne pas sombrer dans la routine, fait partie des conduites à favoriser pour améliorer la malléabilité de notre cerveau. Pour le dire autrement : notre cerveau est informable et déformable ! Il reçoit constamment des informations et évolue en permanence. Ces reconfigurations permettent aux personnes de se préparer aux situations nouvelles. Si elles ne parviennent plus à vivre de façon appropriée par rapport à la nouveauté, il y a une forte probabilité qu’elles deviennent rapidement maladaptées ce qui conduit aux souffrances neurologiques et psychiatriques comme les troubles de l’humeur. Quand les capacités à recevoir des informations s’amenuisent, l’individu risque de ne plus avoir de réactions positives face au changement. Pour optimiser ses facultés mentales, il vaut mieux être un éternel apprenant. Apprendre pour comprendre la complexité du monde dans lequel nous évoluons, apprendre pour rester ouvert aussi à la nouveauté sociale. La curiosité intellectuelle préserve la santé mentale.

Deuxièmement, il nous faut lutter contre l’infobésité, c’est-à-dire le trop plein d’informations. L’accroissement du flot des informations que nous recevons augmente le nombre de données que nous devons traiter puis stocker. Certaines de ces données sont utiles lorsqu’elles nous servent à comprendre. En revanche, d’autres le sont moins quand elles nous font juste savoir et non comprendre. Prenez l’exemple des mails dont vous êtes en copie. L’auteur du mail vous a informé mais cette donnée ne vous concerne pas forcément. Si vous recevez pendant toute une journée, une série de mails à contenu négatif, ils vont probablement insidieusement créer en vous des états d’âme négatif (mélancolie, etc.). Quoi faire ? Et bien luttons contre cette pollution sonore et visuelle. Si vous prenez l’exemple de l’actualité que l’on distille en continue, il est probable qu’inconsciemment, soumis à ce rabâchage, vous soyez perturbé par des faits certes spectaculaires (un tremblement de terre, un accident de voiture,… ), mais somme toute faisant partie de notre vie. Ce flux d’actualités vous parvient sans que nous soyons directement concernés par cette nouvelle. Le flux finit par engendrer une pollution.

Troisièmement, nous devons être vigilant à la tentation d’un usage chronique de somnifères ou anxiolytiques. Ces médicaments si utiles pour traiter les troubles du sommeil ou de l’humeur (ou toutes autres pathologies qui atteignent l’équilibre mental) modifient le fonctionnement du cerveau et réduise la plasticité cérébrale. Ces médicaments sont essentiels dans les cas où ils sont prescrits. Cependant, leur action peut s’avérer néfaste s’ils sont utilisés à très long terme et de façon chronique. Les psychotropes doivent rester une béquille sur laquelle nous devons nous reposer lors d’un événement exceptionnel mais il faut très vite penser à mettre en place une thérapie comportementale qui viendra relayer l’action des psychotropes. En la matière, l’automédication est extrêmement délétère. C’est en favorisant des comportements qui flattent l’estime de soi que l’on doit envisager, entre autre, une thérapie efficace.

Quatrièmement, nous devons éviter la sédentarité car l’absence d’exercice physique nuit au cerveau. Rappelons que notre cerveau a besoin d’être correctement oxygéné. Or, l’activité physique favorise cette oxygénation. Pratiquer un sport permet aussi d’améliorer l’estime de soi.

Cinquièmement, nous devons rester vigilant sur une partie de notre cerveau qui ne s’active que lors d’interactions avec l’Autre. S’intéresser à l’autre est bénéfique car il nourrit notre cerveau social. Longtemps méconnu, le cerveau social est un atout pour l’équilibre. Cultiver son altérité revient à entretenir son cerveau.

Pierre-Marie Lledo Chef d’Unité « Perception et Mémoire » à l’Institut Pasteur, Directeur du laboratoire « Gènes, Synapses et Cognition » du C.N.R.S

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